Le Ballet du Théâtre Bolchoï est l’invité de l’Opéra de Paris du 5 au 15 mai avec deux ballets : Flammes de Paris et Don Quichotte. Première œuvre à ouvrir le bal : Flammes de Paris avec notamment le couple phare Natalia Osipova et Ivan Vasiliev.

Ce ballet, qui connut ses heures de gloire dans les années 30 et 40, a été remonté par Alexei Ratmansky, ancien directeur artistique du Ballet du Théâtre Bolchoï, aujourd’hui artiste résident à l’American Ballet Theatre. Le contexte : la Révolution française. L’histoire (très bien résumée dans une interview du chorégraphe) : « Notre ballet raconte l’histoire de personnages : Jeanne qui se joint à la Révolution parce qu’elle est tombée amoureuse de Philippe. Philippe pour qui peu importe où il va, pourvu qu’il s’amuse. Jérôme qui croit en la révolution et ses idées, mais s’éprend de l’aristocrate Adeline et s’avère incapable de la sauver… ».
On suit donc les aventures de ces quatre jeunes gens, à Marseille, à Paris ainsi que sous les ors du Palais royal, où la Cour assiste un ballet : Rinaldo et Armide (bref, un ballet dans le Ballet).
Avant d’en venir aux personnages principaux et au couple détonnant Osipova/Vasiliev, une impression générale : je n’ai pas été séduite (enflammée ?) par ce ballet. Flammes de Paris tenait dans sa structure originale plus de la pantomime que de la danse. Je trouve que c’est encore vrai. La version remaniée fait la part belle aux scènes de foule ou aux scènes de Cour. C’est divertissant, plutôt agréable à regarder mais au final, l’œuvre m’a parue bien étroite et bien légère pour des artistes d’un tel talent. Elle ne leur laisse finalement que peu l’occasion de déployer leurs ailes, au plan technique comme artistique. J’ai donc eu un sentiment de frustration certain. Quant à la trame narrative, elle est plutôt déroutante. A peine s’attache-t-on au quatuor de jeunes gens qu’on est parachuté à la Cour, où l’on assiste à un ballet puis à l’arrivée du Roi et de la Reine, avant de battre le pavé à Paris. L’histoire reste lisible de bout en bout mais il est bien difficile de se laisser emporter par le souffle de l’Histoire, tant on a le sentiment d’être ballotté de scène en scène sans véritable liant.
Il me faut absolument parler d’Ivan Vasiliev qui joue donc le rôle de Philippe. On le voit surtout au deuxième acte et que dire ? Il ne danse pas, il vole. Bon, au niveau de l’interprétation, je n’ai pas été éblouie mais Philippe étant censé figurer un jeune homme fougueux et amoureux, sa danse se suffisait à elle-même. Ivan Vasiliev défie les lois de la gravité. Il évolue comme un félin. Lorsqu’il entre en scène pour ses variations, il n’est pas Philippe, il est comme un lion en cage qui va finalement se placer tranquillement pour démarrer ses circonvolutions aériennes. Le public de Garnier, d’ailleurs, n’en peut plus et applaudit toutes les deux minutes (j’ai rarement vu danseur aussi acclamé…). Il est vrai que c’est un phénomène. Après, j’ai du mal à le visualiser en Prince Siegfried ou en Roméo mais il a une personnalité et un style qui n’appartiennent qu’à lui. Natalia Osipova, autre phénomène s’il en est, est bondissante, athlétique, incroyablement rapide avec des extensions à la Sylvie Guillem. Ces deux-là s’accordent parfaitement dans ces rôles de jeunes gens ardents.
Les autres danseurs (Viacheslav Lopatin, Nina Kaptsova, Ekaterina Kryssanova et Artem Ovcharenko) ne déméritent pas et font montre d’un excellent niveau, à l’instar du corps de ballet. J’ai beaucoup aimé Ekaterina Kryssanova, qui dans son rôle de Mireille de Poitiers (actrice jouant le rôle d’Armide à la Cour) allie grâce, légèreté et technicité.
Au final, des danseurs talentueux et brillants que j’ai très envie de revoir mais… dans un autre ballet !
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En fait je me rends compte qu’on est plutôt d’accord ! Si j’étais aussi enthousiaste vendredi soir, c’est à cause des interprètes, mais Flammes de Paris n’est pas un ballet que je reverrai avec plaisir, contrairement à beaucoup d’autres.
Je suis ravie de revoir Ossipova (qui m’a effectivement fait penser à S.Guillem)-Vassiliev(dont je ne connais pas d’équivalent…) mardi pour Don Quichotte.
En espérant que l’un ou l’autre ne sera pas blessé d’ici là, quand on voit l’investissement il vaut mieux qu’ils soient solides…quand Vassiliev a terminé son premier morceau de bravoure et qu’il est allé saluer (avec une certaine raideur) je me suis dit « ohlala, il s’est blessé », et puis pof, 5mn après il reprenait ses sauts de cabris. Sans autre inconvénient visible que ce petit bobo au genou visible lors des saluts.
Bravo pour les photos, en tous cas, elles sont très réussies !
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Normalement, je vois Maria Alexandrova dans Don Quichotte mais après avoir été autant frustrée de voir aussi peu Osipova et Vasiliev dans Flammes de Paris, je vais essayer de décrocher le Saint-Graal : une place pour ce soir…pour les revoir…
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[...] Quelques blogueur-se-s ont également fait part de leurs impressions sur Flammes de Paris, comme Fab (une « œuvre bien étroite et bien légère pour des artistes d’un tel [...]